La rue

Pensez que sur ces pavés
Vous êtes en sursis
Un plus pressé
Un abruti
Et vous voilà renversé
Ou au tapis

Pensées

Prune, oh ma prune
Fruit d'été, c'est sûr
Comment te garder ?
En confitures ?

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Jour d'hiver

Elles ont des choses à raconter
Sur les gens dedans
Mais pour ne pas se marrer
Elles se mettent en rang

Pause cigarette

Ceux qui en grillent une
Font dorénavant le trottoir
Et redonnent de la vie aux rues
Tandis qu'ils aspirent la mort

Sur le bord du chemin

Le manteau vert des orges
Flotte au vent
Comme une mousse sur un bock

Fenêtre au soleil

C'est parfois en levant les yeux
Que vous verrez les pieds
De celle que vous épiez
Comme un malheureux

Paloma

" Tes doigts trouvent les touches, 
Normal t'es manouche ! "
Pensent les passants
Et passe le temps, tu vis toujours dans un camp

La tête dans les nuages

Sa lourde tête de marbre
Cherche un oreiller
Mais les nuages ne font que passer

La disparition

Dans la lumière blême
Le corps s'est disloqué
Les jambes sont elles distancées
Ou se sont-elles émancipées ?

6003922

Des bateaux qui meurent au port
Comme des vieillards abandonnés

Désir

Même à Manhattan
On peut croiser Cendrillon
Achetant ses chaussures de vair

L'âme des mots

"Arrêtez de me frapper" dit le E
"Et moi, on me laisse de côté"
Crie le W !

La danse

Au bal, lorsque j'avais cinq ans
Je m'asseyais à même la piste
Les robes, qui flottaient, flottaient
Comme un derviche, je priais et m'enivrais

S

Son nom, il le signe
D'un S
Simple comme "Salut"

Gris

A force de regarder
Ces milliers de pierres
Mes yeux ont clignoté
Et j'y ai vu des millions de choses

Homdesbois

Son regard de côté
Mais que perçoit-il
Avec tant d'acuité ?

Proue

Ta proue blanche maculée
Et tes deux gros yeux d'effraie
Qui pleurent des larmes de rouille
Tu apitoies les passants

Brune et brouillard

Dans le brouillard
Soudain une fille m'apparût
Et je grillai le rouge !

Destin de poussière

Scrapper
Ta pelle et tes roues
Tu veux nous entre mettre plein la vue
Et tu lèves la poussière comme un éléphant.

Tatouage

Bras de fer
Fier à bras
A bras le corps
Tu te décores

Zone interdite

Fils de fer
Tressés, barbelés
Vous me filez la nausée

Le sous-marin russe

Ses flancs
Même barbouillés
Laissent percer la rouille
Alors que la mort vit en dedans.

Bout à bout

Si j'étais marin, 
Ces cordages tressés
Me rappelleraient 
La natte de ma bien-aimée

La part de l'ombre

La beauté des choses simples
Ne se voit que de près
C'est la pudeur
De l'ordinaire

Les compères

Mon copain
Oserais-je l'avouer
Combien j'y tiens

Un temps pour le tout de suite

Le mur a la parole
Mais il parle dans le vide
Et les passants se rient de sa folie

The man in the black & white shoes

Tes pompes noires et blanches
Mec
Elles jettent
Mais comment les cirer ?