Equilibre

Longues veines de fer sur la Sambre
Tuyaux, couloirs, fiertés de Marcinelle
Vous vous étiriez comme d'impudiques membres
Et soudain devenues fantomatiques passerelles

La nuit du temps

C'est le théâtre des étrangetés
Pierrot et Arlequin sont sans couleur
De la sueur, de la peine, du danger
C'est la comédie des réalités

La traversée

Plus que la Sambre

Le fer coulait dans tes veines

Mais sont arrivés les sans foi ni loi

Et ainsi meurent les reines

En laissant les peuples dans le désarroi

Eclaboussures

L'eau est une rebelle
La dompter est vain
Qu'elle gicle ou qu'elle ruisselle
Elle échappe des mains

Embarcadère

A la ville sans carrosses ni chevaux

Les escaliers flirtent avec le clapotis

Sur les marches on amarre les bateaux

Qui glissent jour et nuit

A la verticale de l'été

Au plafond du ciel tombe la pluie

Sur les murs dessine des stries

Tout est debout, tout est rayé

Venise sous un jour inversé

Rio del Duca

Les vieux murs ont la vie dure

Au détour d'un canal

Une drôle de peinture

Deux amoureux échappés du bal

Pluie d'été

Quand tombe la pluie sur le soleil
Les choses prennent l'apparence des bijoux
Et le passant qui valait pas un clou
Devient le roi devant qui le photographe s'émerveille

Vers le pont des soupirs

Venise, mon amour, t'étais mon idole
Sur l'eau nous avons été bercé
Par un grand gars effacé
Qui jamais ne rigole
Aux mots d'amour tant répétés
Tandis qu'il besogne sa gondole

Heureux comme nous

Dans leurs univers d'enfant
Ils rêvent aussi d'amour
Ils savent bien qu'ils sont différents
Et que jamais ce sera le tour
De ravir la belle à son amant
Et pourtant ils sourient tous les jours

Ni tombe, ni caveau

Les cimetières de bateaux

N’ont ni tombes, ni caveaux

Et le promeneur

En découvre l’horreur et la splendeur

La vie n'est pas rose

Un torse brun et nu
Comme en Afrique sauvage
Ton regard est tendu
Vers d'improbables images
Toi le rarement bienvenu
Sur nos plages et nos rivages

Pêle-mêle

Le chapelet du chalutier
Ne sert pas aux litanies
Ses grains sauvent la vie
Les bouées, par pitié !

L'attente, impatient

Souvent les hommes restés au port
Méditent sur la cargaison,
Aléatoire gagne pain
Et prient pour ceux de leur maison
Qui hantent les mers au gré du sort
Et y trouvent parfois leur fin

Port de pêche - Le filin rebelle

Les marins qui partent en mer

Remplir les flancs de leurs navires

De poissons qu’on fera cuire

La criée les laisse souvent amers

A fleur d'eau

L'écume des eaux marines
C'est la salive des océans
Cruels et avides de rapines
Marins et bateaux engloutissant

Hors de notre terre

L’explosion des couleurs des voiles

Et l’esquif fendant l’eau

Comme c’est beau

Les corps qui se dévoilent

Il gelato

Ta glace, tes pieds dans l'eau, tes frusques
La ville, ses mystères, ses Palais, sa splendeur
Penses-tu pas que tu les brusques
Et que de la désinvolture naît la laideur ?