Prairies maritimes

Il y a des agricultures secrètes
Comme d'alchimiques boissons
Sur des boiseries discrètes
S'accrochent d'obscures moissons 
Et de la mer surgissent des crêtes
Striant d'encre noire l'horizon

Comme un tableau du douanier Rousseau

Qui est donc ce peintre
Qui invita sur la grève
A une intime étreinte
La couleur et le rêve ?

Les larmes du sable

L'eau criminelle noie les optiques
Le vent lacrymogène rougit les yeux
Sur la plage humide j'erre heureux
Je suis animé d'une foi syncrétique

Chapeau le tuba !

Des musiciens rouges
Des chapeaux rigolo
Autant dire que ça bouge
Au bal public ce tantôt

Le vent coquin

L'excuse est exquise
De dévoiler sa dentelle
Et de dire, pour la bagatelle
"Le vent m'a surprise"

Le vent mauvais

Vois ce souffle qui lèche mes frondaisons
Et mes feuilles qui ont la chair de poule
Malgré le lierre qui sur mon tronc s'enroule
Il me manque la chaleur des moissons

A la protection de Marie

Rendez-grâce, mécréants, à la douce Marie
Qui pour Jésus, son enfant, n'eût la faiblesse
De le garder près de son chaste charpentier
Alors qu'elle savait où menait sa divine folie

Le trotteur des airs

Tu as les quatre fers en l'air
Trotteur, tu fonces au galop
Au bistrot, les parieurs en colère
Hurlent des noms d'oiseaux