Le havre rose

D’austères antres, où stagnent des grues
Comme des hérons affamés
Lorgnant sur le ventre des bateaux ouvert
Et extirpant en fardeau leurs viscères
Marchandises aux pays lointains arrachées
Mondiale entropie, business incongru

L'encrier de notre enfance

Profite bien bien de ce dernier août
Avant que ne bourgeonne ton buste
Et que tes mots et ton corps tu ajustes
Fin de l'enfance et innocence lock-out

Plongée dans l'ivoire

Les images floues crient de limpidité
Ces lettres volontairement distordues
Trahissent une profonde intranquillité
Et hurlent des insanités, des mots crus
Alors que tout semble quiet et apaisé
Le corps se fache de douleur perclus

Les adieux

Les vacances sont finies pour le père
Tandis qu'il s'éloigne, on agite les bras
Cet après-midi, on sera dans l'embarras
Et son absence laissera un goût amer

Vibrations

Animal instrument, de boyau et de crin
Envahisseur d'harmonieuses métastases
Tu chantes et cries comme un humain
Emportant même les brutes dans l'extase

l'autre rivage

C’est mon clone là dans la vitre ?

Mon Dieu qu’il est beau !

Je vous ai vu aussi

Quand vous passez, vous vous admirez

Le fugitif

La rame sur le départ
Une ombre furtive
D'un voyageur à la dérive
N'allant nulle part

Tapis rouge

A la gare neuve d'Anvers,
De verre et tout en rouge
Ressort du décor son envers
Les oubliés du monde qui bouge

Dimanche de novembre

Regarde le gris, la bruine et le vent
C'est novembre et ses compagnons
Et ses dimanches laids que nous haïssons
Tant ils sont longs et désobligeants

où cours-tu ?

Il court, il court, le furet
Et elle, est-elle en furie ?
Son bus quitte t-il l'arrêt ?
Ou a t-elle vu son petit ami ?

La confidence

Surgissent des instants soudains et magiques
Et c'est l'opportunité, l'occasion unique
D'une confidence sans le temps de la réplique

En roue libre

La ville et sa mécanique férocité
Sacrifie la rue, la vue à la vélocité
Thrombose des artères, atrocité
Elles sont bien empesées, nos cités

Mort-subite

L'homme dans sa troublante bulle
Vit avec ses jouets d'enfance
Et sans nous, il est en partance
Son aventure ne fera pas d'émules

Du bout du monde

Pour arrêter le temps, j'ai cligné des paupières
Et le ciment, le fer, comme les montres de Dali
Ont coulé, ont fondu, se sont adoucis
Rien qu'avec les yeux, se jouer de la matière

Marche tournante

Dans la spirale du colimaçon
Des mains glissent sur la lisse
Cris de filles et de garçons
Qui se poursuivent dans l'hélice.